La chasse telle que nous la pratiquons….telle que nous l’aimons !
Alors que toutes les évolutions règlementaires dans notre département mettent en avant la chasse collective, nous nous efforçons de maintenir une chasse conviviale, familiale ou individuelle. Dans notre Acca l’organisation de battues collectives est peu fréquente, elles concernent essentiellement la chasse du sanglier et du cerf encore peu nombreux sur notre territoire.
Notre territoire est vaste, 6 000 hectares chassables pour une soixantaine de chasseurs, cela nous permet de pratiquer toutes les chasses sans pression sans la crainte de voir le secteur de chasse convoité déjà occupé par d’autres sociétaires.
L’ensemble des chasseurs est réparti en huit équipes de 3 à 12 ou 13 chasseurs, pratiquant la chasse à tir ou à l’arc. En début de chasse, chaque équipe se voit attribuer au prorata de son importance les bracelets autorisant les prélèvements sur les espèces soumises au plan de chasse chevreuils, chamois. Elle organise sous la responsabilité du « chef » d’équipe son mode de chasse battue, affût, approche. Nous avons sectorisé notre territoire mais aucune équipe n’a de territoire réservé ou attribué pour la saison. Ce sont  le bon sens et le respect mutuel, la communication qui prévalent : lorsqu’un secteur est déjà occupé des solutions de repli sont toujours possibles. C’est l’équipe, sous l’autorité de son responsable qui détermine le prélèvement qui sera effectué lors de la partie de chasse.
La chasse individuelle est libre d’accès et ne souffre pas de la pression que pourraient exercer  les chasses collectives. D’ailleurs, une grande majorité d’entre nous pratiquons la chasse individuelle, que ce soit lors des passages de bécasses, de grives ou lors de la chasse du lièvre ou faisan ou plus mythique du petit tétras ou de la gelinotte. Nous sommes fortement attachés à ce mode de fonctionnement qui préserve la chasse traditionnelle et libre qui permet à ceux qui la pratiquent de connaître des moments exceptionnels.
Deux mille hectares environ sont situés dans la Réserve Naturelle des Hauts plateaux du Parc Régional du Vercors. Sur ce territoire, des modalités spécifiques sont imposées par les responsables de la Réserve qui comme vous pouvez le supposer sont hostiles à nos pratiques par pure idéologie, en totale ignorance de ce que font les chasseurs en terme de gestion…. Sur ce secteur, compte tenu des obligations, nous pratiquons la chasse individuelle du petit gibier, avec nos chiens, à l’approche ou affût pour le grand gibier (cerf, chamois, mouflon).
Quand vient le temps de la neige, nous nous efforçons de respecter le rythme de la nature, notre pression de chasse est plus légère pour s’arrêter au plus tard le premier dimanche de janvier. Cette mesure est parfaitement comprise par les chasseurs locaux, moins par certains chasseurs qui sont coupés des rythmes naturels et souhaiteraient appliquer le rythme administratif énoncé dans les divers arrêtés préfectoraux….
« Partager l’espace », c’est le maitre mot actuel. Nous sommes les premiers à l’accepter et le mettre en pratique, mais que d’intérêts divergents placés sous le sigle « nature » ! Ah ! si les cerfs pouvaient parler et nous faire savoir combien ils sont excédés par la présence de voyeurs de plus en plus nombreux au moment du brame. Un vrai commerce voit le jour dès le mois de septembre.  Les chasseurs laissent la place à l’hiver et voilà qu’arrivent les pratiquants du ski sauvage et des raquettes, ils envahissent préférentiellement les zones d’hivernage du petit tétras, les remises des chamois des chevreuils…… Comment leur faire comprendre que leur innocent matériel est une arme redoutable durant ces périodes difficiles ! Comment faire admettre à cet accompagnateur en montagne que son fond de commerce « sur les traces des animaux » est une gangrène qui les épuise par un dérangement perpétuel ! On ne tue pas seulement avec un fusil ou une carabine !
Comment sensibiliser tous ces promeneurs et randonneurs innocents à la présence du monde faunistique ? Ce monde dont bien souvent ils ne soupçonnent pas la présence ou même l’existence !
Il est vrai que la chasse peine à changer son image, trop de clichés négatifs nous collent aux basques et je ne pense pas que les chasses collectives vers lesquelles les instances administratives poussent les chasseurs soient le meilleur argument promotionnel.
La culture de la chasse et de la ruralité se perdent au profit d’une « nature musée » visitée par une gent humaine coupée de ses racines.
   
Heureusement, nous gardons jalousement notre différence non sans accepter de la partager avec tous ceux qui le souhaitent, chasseurs ou non. C’est pour cela que nous sommes ouverts sur tout ce qui se passe sur notre territoire, que nous participons aux délibérations du conseil municipal lorsqu’il s’agit de réfléchir sur des aménagements et des axes de développement de notre commune ayant un impact sur l’environnement. Nous ne sommes parvenus à cette coopération qu’en apportant des éléments précis et validés en échange desquels nos partenaires nous octroient plus de crédibilité.
Demain sera un autre jour dit-on, pourvu que notre « chasse » celle que nous aimons, que nous vivons ne soit pas broyée par la mise en place de chasses administratives uniquement obsédées par le fameux équilibre agro-sylvo-cynégétique répondant à des normes économiques négligeant son aspect humain et « terrien ».

Alain CLARET,
Président de l’Acca